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Le breton et le gallo, deux langues régionales parmi tant d’autres en Europe

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L’Europe, c’est 450 millions d’habitants parlant 24 langues officielles et des dizaines d’autres dites minoritaires ou régionales. Ces dernières sont protégées depuis plus de 30 ans par une charte, jamais ratifiée par la France. Mais les choses pourraient bouger…

Thomas Crabot. En Bretagne, il est possible d’apprendre la géographie de l’Europe en langue bretonne.

« La langue de l’Europe, c’est la traduction », disait Umberto Eco. Une assertion qui se vérifie toujours : malgré l’omniprésence du globish, les institutions européennes emploient des milliers d’interprètes, traduisant chaque jour des centaines de discours.

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Leur travail permet aux citoyens d’accéder à l’ensemble des documents traduits dans les 24 “langues officielles” de l’UE, y compris encore l’anglais, parlé en Irlande et à Malte.

L’allemand, l’anglais, le bulgare, le croate, le danois, l’espagnol, l’estonien, le finnois, le français, le grec, le hongrois, l’irlandais, l’italien, le letton, le lituanien, le maltais, le néerlandais, le polonais, le portugais, le roumain, le slovaque, le slovène, le suédois et le tchèque.

Le catalan, un jour langue officielle de l’UE ?

Depuis 2013 et l’intégration de la Croatie à l’UE, aucune nouvelle langue n’a fait son entrée parmi les 27. Le souhait, ou la manœuvre politique diront certains, du gouvernement espagnol de faire du catalan (9,1M de locuteurs), du galicien (2,6M) et du basque (1,1M) des langues officielles ne devrait rien y changer.

En septembre dernier, les ministres des Affaires européennes ont en effet bloqué temporairement cette demande – mais sans opposer de veto -, arguant des coûts et des conséquences juridiques d’une telle décision. Sans parler de la crainte qu’elle “fasse boule de neige, alors que 8 % des citoyens de l’UE appartiennent à une minorité défendant l’usage d’une langue propre, soulignait à l’époque Le Monde.

A savoir 💡 : L’irlandais gaélique est devenue langue officielle de l’UE en 2005 alors qu’elle en est membre depuis 1973. Un statut accordé deux ans plus tard mais avec une dérogation liée au manque d’effectifs. Il a fallu attendre 2022 pour que tous les documents, et plus seulement les traités, soient traduits en irlandais.

> Lire aussi – La Région Bretagne engagée pour la transmission et la formation du breton

“La langue de la République est le français”

Le Conseil de l’Europe, à ne pas confondre avec l’UE (il compte 46 États membres), a élaboré en 1992 la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires.

Elle œuvre pour la “protection et la promotion des langues employées par des minorités traditionnelles”, dont certaines sont en voie d’extinction, ou sérieusement en danger, à l’image du breton et du gallo, selon l’Unesco.

> A ce sujet – Le gallo, une langue de vieux ? Rien de moins sûr… 

Langues minoritaires ou régionales : de quoi parle-t-on exactement ?

Les deux expressions ont été adoptées par le Conseil de l’Europe sans distinction de sens pour répondre “à la diversité des traditions, des réalités, des terminologies et des prédilections idéologiques de ses États membres”, selon l’ouvrage Identifier et catégoriser les langues minoritaires en Europe.

Les langues minoritaires ou régionales englobent trois catégories, précise le site vie-publique.fr :

  • Les langues spécifiques à une région : basque, breton, catalan, frison, sarde,
    gallois etc.,
  • Les langues parlées par une minorité de la population d’un État membre, mais qui ont le statut de langue officielle dans d’autres États : l’allemand au Danemark, le slovène en Autriche, le français au Val d’Aoste, etc.,
  • Les langues non territoriales des communautés roms ou juives : le yiddish, le romani.

Le Conseil de l’Europe estime qu’environ quatre-vingt langues tombent sous la protection de sa Charte, mais sans aucun engagement formel, ni contraignant de la part des États. A l’échelle de la seule UE, une soixantaine de langues seraient minoritaires selon le mode de comptage du Conseil.

Pour maîtriser son dossier 🧠 : La Charte “n’inclut ni les dialectes de la (des) langue(s) officielle(s) de l’État ni les langues des migrants” mais uniquement les langues du continent. Soit pour la France : le basque, le breton, le catalan, le corse, le néerlandais, l’allemand et l’occitan.

La France a signé la Charte européenne pour les langues régionales et minoritaires en 1999, mais ne l’a jamais ratifiée, car contraire à l‘article 2 de la Constitution stipulant que “la langue de la République est le français”.

> Pour aller plus loin – Breton “j’ai le sentiment d’avoir une identité spécifique, différente de l’identité française”

Des avancées pour les langues régionales en France

En 2008, une révision de la Constitution introduisait toutefois les langues régionales au “patrimoine de la France”. Mais en 2015, malgré les promesses de François Hollande, le sénat bloquait à nouveau la ratification de la Charte européenne. Des années plus tard, en campagne pour son premier mandat, Emmanuel Macron évoquait les langues régionales qui “doivent pouvoir vivre dans la République, sans en rien menacer la langue française mais en faisant vibrer notre diversité et notre richesse”.

Il se prononçait également en faveur de la ratification de la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires. Puis, plus rien… Jusqu’en septembre dernier. A Ajaccio, le président a fait du “en même temps”, évoquant une “autonomie pour la Corse et dans la République”. Rien d’abouti encore, mais cela pourrait passer par la co-officialité de la langue corse et donc la ratification de la Charte européenne.

Une ouverture pour le breton – suite au déplacement du président sur l’île de Beauté, un groupe de travail transpartisan a rendu un rapport sur l’autonomie de la Bretagne – et toutes les autres langues régionales de France, qui peuvent désormais espérer bénéficier d’un véritable statut. En attendant, et plus que jamais, la Région Bretagne poursuit son engagement pour la sauvegarde et la transmission du gallo et du breton.

> Lire aussi – Vous souhaitez trouver ou exercer un travail grâce à la langue bretonne ? Trouvez votre formation !

13M d’euros en faveur du breton et du gallo

La Région a voté un ambitieux plan de réappropriation des langues de Bretagne sur la période 2024-2027. 13M€ seront alloués pour transmettre les langues de Bretagne par l’enseignement et la formation, et afin de développer leur présence dans la vie quotidienne. De nombreuses actions seront également menées pour former davantage d’adultes et d’enfants à ces langues. Pour le gallo, il s’agit aussi de sensibiliser 3 000 élèves du 1er degré d’ici 2027, contre 1 250 aujourd’hui.

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