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Jamais sans mon drapeau : pourquoi les Bretons ont toujours un Gwenn ha du dans leurs valises ?

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A l’occasion des 100 ans du Gwenn ha du, nous avons interrogé des Bretons expatriés, ou en balade autour du monde, pour comprendre leur attachement à ce marqueur identitaire. Et vous, vous plierez un drapeau dans vos bagages lors de votre prochain voyage ?

Crédit photo : (DR) Le groupe Facebook Breizh Flag Trip Tour invite les Bretons à partager leurs plus beaux clichés à l’étranger.

On nous repère partout, nous les Bretons, toujours un Gwenn ha du à la main lors de grands rassemblements ou posant avec, en haut du Kilimandjaro comme au pied d’Ayers Rock, en Australie. Un rapport affectif à notre drapeau sans commune mesure. Demandez donc à un Auxerrois s’il a déjà glissé l’étendard bourguignon dans sa valise…

Quand il est parti vivre au Vietnam il y a cinq ans, Jonathan Onno ne s’est pas posé la question. “Je suis parti avec un Gwenn ha du pour me souvenir de mes amis et me rappeler d’où je viens. C’est aussi une manière de montrer mon appartenance et mon attachement à la Bretagne.”

Fiers les Bretons ? Evidemment. Mais sans arrogance. “A l’étranger, les gens qui ne connaissent pas le Gwenn ha du posent spontanément des questions sur le drapeau, le contact se fait facilement. C’est à l’image du côté chaleureux, accueillant et ouvert d’esprit des Bretons. Et le drapeau est aussi un signe de ralliement, ajoute le jeune président de l’association des Bretons du Vietnam.

“C’est vrai qu’on aime bien croiser d’autres Bretons au bout du monde contrairement aux Français râleurs. Même s’il faut bien admettre que des Bretons relous ça existe aussi”, rigole Caroline Duval, Guigampaise aujourd’hui expatriée à Paris.

> Envie d’apprendre le breton ? Voici 5 lieux où vous formez

L’origine du Gwenn ha du

Né il y a cent ans de l’imagination de l’architecte moderniste, militant breton et membre du courant artistique des Seiz Breur, Morvan Marchal, le Gwenn ha du (signifiant “blanc et noir” en breton) est inspiré du drapeau américain. Il compte 9 bandes noires et blanches, symbolisant les quatre pays de la Basse-Bretagne et les cinq pays de Haute-Bretagne, ainsi que 11 hermines. Autre symbole de la Bretagne, l’hermine est associée à Anne de Bretagne qui, lors d’une partie de chasse, aurait gracié l’animal prêt à se laisser tuer par des chiens plutôt que de traverser une étendue boueuse. La devise de la Bretagne était née : “Kentoc’h mervel eget bezan saotret” (”Plutôt la mort que la souillure”).

Controversé à l’origine, le Gwenn ha du a depuis fait le tour du monde. La preuve avec le groupe Facebook Breizh Flag Trip Tour – malheureusement très peu actif depuis un moment -, où des internautes partagent leurs plus beaux clichés, un drapeau breton à la main à l’étranger. Pour les fans du drapeau breton, l’application Gwennhadu’Flash, développée par la marque de beurre Nature de Breton, incite les utilisateurs à photographier les drapeaux qu’ils voient, puis le jeu calcule la distance avec Quimper, siège de la marque, et leur attribue des points.

Le Gwenn ha du, mascotte au bout du monde

Aujourd’hui, sur les 3,5 millions de Français vivant à l’étranger, seulement 300 000 sont originaires de Bretagne, pourtant l’image d’un peuple de voyageurs continue de participer à notre construction identitaire.

Lors d’un tour du monde avec une amie, Caroline Duval se prenait ainsi volontiers en photo avec le Gwenn ha du “dans des endroits atypiques ou majestueux, comme dans le désert du Salar en Bolivie ou en haut du Machu Picchu au Pérou. C’est la fierté de dire ‘on est arrivés là’, comme si on était les premiers explorateurs.

Brodé sur leurs sacs à dos, le drapeau a également habillé l’intérieur de leur van en Australie. “Il y a un côté mascotte, c’est un truc sympa en plus sur les photos, comme d’autres se photographient avec une peluche Kiki ou prennent la pose les doigts en V”.

> Pour une histoire de l’exil breton, voir le très documenté site Bécédia

En images

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Jonnatah Onno sur l’île de Koh Tao, en Thaïlande.
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Michel Guillaume est l’un des meilleurs ambassadeurs de la Bretagne. Partout où il a voyagé, il a montré le Gwenn ha du.
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Crédit : OLYMPUS DIGITAL CAMERA
Caroline Duval sur le glacier de Svea au Spitzberg.
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Très active, l’association des Bretons de New-York organise de nombreux événements chaque année. (Voir leur compte Instagram bzhny).

Porter l’identité bretonne en étendard

Au-delà du folklore, le drapeau breton est une façon d’affirmer son identité. Michel Guillaume, fondateur en 2002 de l’association des Bretons au Vietnam, fait totalement siennes les paroles du député régionaliste Paul Molac : “Je suis citoyen français de nationalité bretonne”.

Originaire de Plouray, dans le centre Bretagne, il a grandi dans une famille bretonnante et appris le breton auprès d’une nourrice qui ne parlait que cette langue. “J’ai toujours baigné dans cette culture et j’ai le sentiment d’avoir une identité spécifique, différente de l’identité française.”

“A l’étranger, il est plus facile de se dire Breton que Français”

Comme de nombreux Bretons de sa génération, il reste marqué par l’interdiction de parler breton à l’école. “Le Gwenn ha du permet de manifester la singularité bretonne réprimée pendant des années par l’Etat français. Mais pour l’afficher comme on le fait aujourd’hui, il a fallu lutter”, rappelle le musicien globetrotter.

L’histoire de la France toujours, son passé colonial notamment, mais aussi une certaine image de ses habitants, font que parfois, “à l’étranger, il est plus facile de se dire Breton que Français”, ajoute Caroline Duval.

Solidarité bretonne

Vivant à New-York, où réside une importante communauté de Bretons, notamment après l’arrivée de 4 000 habitants de la ville de Gourin dans les années 1950, Sophie Raubiet estime que le drapeau agit comme un aimant : “Lors d’un concert de MC Solaar l’an dernier, nous avons déployé le Gwenn ha du et plein de gens, touristes compris, sont venus à notre rencontre”.

La présidente de l’association des Bretons de New-York a quitté Paimpol adolescente et vit aux Etats-Unis depuis 1994. Pas spécialement bretonnante, elle est devenue membre de l’association en 2015 alors en pleine organisation du festival des Vieilles Charrues, à Central Park. Ce qui la marque, c’est la capacité des Bretons à se regrouper en communauté à l’étranger. “A New-York, vous entrez dans un restaurant breton, vous dites que vous êtes Breton et vous êtes embauché. Il y a une entraide importante entre nous”.

“Il y a toujours quelqu’un qui connait un Breton à l’étranger. Cela peut aider pour trouver du travail”, confirme Jonathan Onno, référent marketing Asie chez Olmix, une société bretonne. Evidemment…

Comment la Région soutient la diaspora bretonne

Dans le cadre du renforcement de son soutien à la diaspora bretonne, la Région Bretagne a mis en place un nouvel espace dédié en ligne. Il a pour objectif de relayer les initiatives des Bretonnes et des Bretons du monde, d’inspirer de nouveaux projets et d’apporter plus de Bretagne à celles et ceux qui en sont éloignés. Une page Facebook administrée par la Région permet également de garder le lien avec la Bretagne et de partager entre expatriés des informations, bons plans et tuyaux.

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