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Les gallésans : qui sont-ils ? Quels sont leurs réseaux ?

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TÉMOIGNAGES – “Sérieusement en danger” comme d’autres langues régionales, selon l’Unesco, le gallo n’a pas dit son dernier mot. Aujourd’hui, quelque 200 000 locuteurs le parlent, et chaque année de nouvelles personnes l’apprennent. Jeunes étudiants, salariés ou retraités, ils plongent ainsi dans leurs racines pour mieux comprendre l’histoire et la culture de la Haute-Bretagne.

Comme pour toute langue, l’apprentissage passe par l’échange, ce qui n’est pas si facile en gallo… (CR Istock grivina).

Le gallo, une langue de vieux ?

Rien de moins sûr… Tous les jeudis soir, à l’université Rennes 2, une dizaine d’étudiants aux profils variés suivent des cours de langue gallèse.

Comme Zyang Yuan, un jeune Chinois de 25 ans, qui a pris cette option en parallèle d’un Master 2 en littérature française. “C’est en parlant la langue d’une région que l’on en comprend la culture, les pensées et d’où viennent ses traditions”, explique-t-il enthousiaste.

Un avis partagé par Philippe Legond, formateur en insertion professionnelle. Résidant à Lalleu, une commune proche de Bain-de-Bretagne, Philippe suit des cours avec l’Institut du Galo. Une langue, c’est une pensée, une vision du monde. C’est pourquoi j’apprends aussi la langue bretonne, pour me sentir pleinement Breton”.

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Maël Georgelin, 24 ans, un des autres étudiants du jeudi soir, s’intéresse “depuis des années déjà à la Bretagne. Mais je me suis rendu compte que j’entendais surtout parler de la Basse-Bretagne et pas, ou peu, de ce qui se passe chez moi, alors que j’ai toujours vécu en Ille-et-Vilaine. D’où mon envie d’apprendre le gallo”.

A savoir: 💡 Le gallo est plus ancien que le français. Il est né du latin, comme les autres langues d’oil, lesquelles partagent une origine latine et une influence germanique. Le gallo n’est donc pas une déformation du français moderne.

Il faudrait imiter les brittophones avec les écoles Diwan

La différence de traitement entre le breton et le gallo a été soulignée par de nombreux apprenants gallésans. Bien que le nombre de locuteurs soit à peu près identique pour les deux langues (environ 200 000), le breton – et cela peut se comprendre par le seul nom de notre région… – est davantage (re)connu.

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“Cela est aussi dû au regard négatif porté sur le gallo, longtemps associé à un mauvais français parlé dans les campagnes. Mais c’est oublié que le gallo est une langue à part entière, avec son orthographe et sa grammaire propres, analyse Aude Corbeau, professeure d’anglais à Saint-Brieuc.

“Il faut travailler à changer les mentalités, ajoute Hubert Jégard, enseignant à la retraite près de Saint-Brieuc. Les gallésans ne doivent plus avoir honte et il faudrait désormais réussir à imiter les brittophones avec les écoles Diwan”.

Le gallo est encore perçu comme un mauvais français

Même dans les écoles classiques, s’il y avait des cours de gallo, j’inscrirais mes enfants avec plaisir”, lance Aurélie Houdin, qui exerce dans la petite enfance.

Depuis trois ans, elle suit des cours de gallo via l’association Les Petits lézards, à Saint-Senoux, une commune au sud de Rennes. “Jeune, j’entendais parler gallo dans mon entourage. Je voulais me souvenir de cette langue, que j’essaie de transmettre à mes enfants et à ceux de la crèche en leur chantant des comptines.”

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Une langue vivante mais…

Tous les locuteurs interrogés sont unanimes : la principale difficulté pour apprendre le gallo, c’est de réussir à le parler. “Il faudrait développer des lieux favorisant les échanges entre gallésans”, ajoute Aude Corbeau.

Mais aussi valoriser davantage cette langue : “Contrairement aux brittophones qui parleront volontiers en breton, les gallésans ont encore une certaine gêne à parler en gallo entre eux”, regrette Hubert Jegard.

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S’il est difficile de pratiquer le gallo, de nombreuses personnes œuvrent pour sa survie et le faire connaître au plus grand nombre. Les conteurs notamment, comme Matao Rollo, Marie-Claire Sauvée ou encore Morgane le Cuff, parmi les plus connus d’entre eux.

Matao Rollo – “Barbara”

Et il y a de quoi espérer : “on voit plein de jeunes se rendre aux Assembllées Galèzes (une association d’éducation populaire, ndlr) et le gallo est reconnue par l’Éducation nationale, glisse l’ancien enseignant.

“Je ne doute pas que le gallo aura, lui-aussi, un jour ses écoles et ses diplômes !”, ajoute, optimiste, Aude Corbeau.

Apprendre le gallo, c’est sympa

D’ailleurs, à ceux qui en douteraient encore, il existe plein de bonnes raisons d’apprendre le gallo. “Pour comprendre les expressions utilisées au quotidien”, selon la professeure d’anglais, afin “d’enrichir son identité et recréer du lien avec les anciens”, pour Philippe Legond.

Ou tout simplement “parce qu’apprendre le gallo, c’est très sympa : c’est une langue drôle à parler, un peu chantée, avec une sonorité théâtrale, conclut avec passion Aurélie Houdin.

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