Pêche bretonne et énergies marines renouvelables : la Région présente les résultats de l’étude sur la « co-activité » en mer
3 juin 2025
6 minutes de lecture
L’avenir de la pêche et le développement des énergies renouvelables en mer ont fait l’objet ces dernières années de nombreux débats de société. En Bretagne, région maritime par excellence, des questions légitimes se posent pour envisager sereinement la compatibilité de ces deux activités, vitales pour la souveraineté alimentaire et énergétique du territoire. C’est pourquoi la Région, qui défend des parc éoliens «pêchants», a commandé une étude de fond qui permettra à l’avenir de mieux évaluer les possibilités de développement simultané de la pêche et des EMR au large des côtes bretonnes.

Pour un usage partagé de la mer
L’État a fixé un objectif pour l’éolien en mer de 45 GW installés au large des côtes françaises en 2050, ce qui se traduit sur la façade Nord Atlantique Manche Ouest (Bretagne et Pays de la Loire) par une puissance attendue de 6 à 9,5 GW en 2033 et de 17 à 25 GW en 2050.
Cette production d’énergie décarbonée à venir représente un double enjeu de souveraineté énergétique et de développement économique pour la grande région maritime qu’est la Bretagne. Mais cette opportunité pose aussi des questions de cohabitation avec les activités maritimes, au premier rang desquelles la pêche bretonne.
Le Président de Région Loïg Chesnais-Girard et son Vice-Président Daniel Cueff soutiennent une planification de l’éolien en mer plaçant sur un même degré d’importance la production énergétique, la pêche professionnelle et la protection de la biodiversité. La Région a donc commandé cette étude afin d’identifier les facteurs d’influence des parcs éoliens sur la pêche professionnelle et sur les possibilités de déploiement, dans les zones EMR, des différents types d’engins halieutiques présents en Bretagne.
Lancé en juin 2024, ce travail, dont les résultats sont très encourageants, a été confié à Meresco, bureau d’études et de conseil du secteur de la pêche, accompagné d’Innosea, spécialiste de l’éolien en mer, et de l’Université Technique du Danemark, en pointe sur le sujet. L’étude a aussi été conduite en concertation avec les comités des pêches.
Trouver les paramètres de l’équilibre
Premier enseignement important : l’étude apporte la preuve de la compatibilité entre pêche professionnelle et éolien flottant. À travers différentes études de cas de cohabitation sur plusieurs sites en Europe (Pays-Bas, Irlande, Royaume-Uni, Norvège, retour d’expérience de la Baie de Saint-Brieuc…) et un état des lieux des technologies disponibles, elle permet d’identifier les paramètres nécessaires à cette «co-activité».
Les propositions de prescriptions issues de ce travail permettraient de garantir les usages et de préserver les pratiques de pêches professionnelles, comme par exemple le maintien de couloir de navigation. L’étude préconise aussi de veiller à ce que les choix technologiques faits par les candidats aux appels d’offres ne viennent pas obérer des possibilités futures d’adaptations techniques des éoliennes (flotteurs, types d’ancrages, etc.) facilitant l’activité halieutique au sein des parcs.
Avec une approche très fine des emprises des pratiques de pêche, enrichie par les échanges avec les comités régionaux, départementaux et les pêcheurs professionnels mobilisés, les caractéristiques précises des engins de pêche (taille des bateaux, dérive des filets, capacité de contournement…) ont pu être intégrées à l’étude afin d’analyser les conditions de compatibilité avec les caractéristiques des parcs éoliens en mer.
Deux outils d’aide à la décision
En étudiant précisément les technologies, à la fois d’éoliennes en mer et de pêche, et les contraintes environnementales, le travail mené a permis d’aboutir à un tableau croisé de scénarios et à leurs issues possibles.
Plus précisément, à l’échelle d’un parc, deux outils réalisés seront directement mobilisables :
– Une matrice opérationnelle qui croise les caractéristiques techniques du parc éolien et ses facteurs d’influence sur la coactivité, avec chaque engin de pêche professionnelle recensé.
Elle permet de faire évoluer ces facteurs pour donner des conditions favorables de coactivité, en termes notamment de sécurité maritime, et les possibilités de maintien des pratiques de pêches concernées.
– un outil en ligne de visualisation « COPEOLE », développé spécifiquement dans le cadre de cette étude, qui permet l’analyse puis la représentation des données relatives à la coactivité entre l’éolien en mer et la pêche professionnelle.
Cet outil représente graphiquement les différents paramètres et interactions identifiés au cours de l’étude, facilitant ainsi la compréhension et l’interprétation des résultats.
Il permet de visualiser différents scénarios de coactivité en modifiant les paramètres des parcs éoliens (par exemple, la disposition des éoliennes, les zones d’exclusion) et en observant les effets sur les différentes activités de pêche présentes.
L’ensemble des livrables (rapport, matrice et outil en ligne) seront mis en libre accès sur le site de la Région Bretagne, pour faciliter la transparence et la compréhension de toutes et tous, et pour qu’ils puissent alimenter les cahiers des charges des futurs appels d’offres.
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