Youenn Gwernig a retrouvé les siens

Les musiciens du groupe War Hent Youenn Gwernig sur la scène du Drom à New-York pour la Fête de la Bretagne 2023.
Crédit photo : Région Bretagne. Les musiciens du groupe War Hent Youenn Gwernig sur la scène du Drom à New-York pour la Fête de la Bretagne 2023.

Découverte pour certains, émouvantes retrouvailles pour d’autres : les concerts organisés en hommage à Youenn Gwernig par BZH-New-York à l’occasion de la fête de la Bretagne ont été appréciés de tous, y compris par les plus proches du chanteur.

Discrètement positionnée derrière un pilier du club Drom à New-York, une femme ne rate pas une miette du concert. Son regard trahit une grande émotion. Sur scène, les musiciens qui ont enregistré la bande son du spectacle consacré à Youenn Gwernig mis en scène par la compagnie Strollad ar vro Bagan ont l’œil tout aussi brillant. Ils viennent d’interpréter Gwerz an harluad, la gwerz de l’exilé, une chanson écrite par Youenn Gwernig lorsqu’il vivait à New-York, dans le Bronx. Lorsque le concert se termine, l’émotion est palpable et l’on sent que la plupart savent qu’ils ont assisté à un moment rare. Un spécialiste de la Beat Generation n’en revient pas d’être passé jusqu’ici à côté du breton Gwernig et de son amitié avec Jacques Kerouac, ca canadien aux origines bretonnes.

Tonton Youenn

La dame qui se faisait discrète pendant le concert ne tarit pas d’éloge lorsqu’elle échange avec le chanteur Tangi Merien. « Vous l’avez si bien interprété, j’ai vraiment retrouvé l’esprit de ses chansons, vous avez un timbre de voix qui rappelle celui de tonton Youenn. Jamais je n’ai entendu ses chansons aussi bien chantées par d’autres», insiste-elle. Avant le concert, elle était spontanément montée sur scène pour se présenter. En anglais, Annick Le Guyader, 69 ans, avait expliqué qu’elle était la nièce de Youenn Gwernig, que ses parents étaient arrivés à New-York un peu avant Youenn. Elle se souvient des visites de Jack Kerouac, des chansons entonnées par son oncle le dimanche. Mais elle reconnaît que l’enfant qu’elle était alors ne pouvait se douter que cette rencontre avait d’extraordinaire ni de la trace que Youenn Gwernig allait laisser en Bretagne. Jamais je n’aurais imaginé entendre les chansons de Youenn sur scène tant d’années après ».

BZH-New York et la grande tribu

Une petite centaine de personnes ont assisté à ce concert exceptionnel organisé par BZH-New-York et la société Paker Prod avec le soutien de la région Bretagne : des Bretons d’origine ou de cœur, comme Cath Bride, une Irlandaise cheville ouvrière de BZH New-York dont elle fut présidente, des jeunes stagiaires à New-York qui viennent de découvrir Youenn Gwernig. Certains étaient présents à la soirée bretonne organisée l’avant-veille au Consulat, certains le seront au traditionnel repas des anciens dans le Bronx le samedi suivant.

Les musiciens, pourtant rompus aux concert au long-cours, mesurent l’importance du moment. En son temps, le grand Youenn n’aurait pas hésité à les inviter à rejoindre la fameuse grande tribu qu’il formait avec les artistes, musiciens, cousins celtes, voisins du Bronx et du monde en minorité et compagnons dans l’exil. C’est ce qu’a fait BZH-New York en rassemblant des centaines d’amis de la Bretagne à sa table tout au long de cette semaine. Des soirées bretonnes à Manhattan où sont sas doute nés les amitiés et les projets de demain.