Une bretonne entrepreneuse de l’année à Cork

Gwenola Perroud, une Bretonne originaire de Saint-Thurien, dans le Finistère, vient de recevoir le prix de l’entrepreneuse de l’année à Cork, en Irlande, dans la catégorie « Femmes d’affaires accomplies ».   Elle est désormais finaliste pour le prix national qui sera décerné vendredi 26 septembre par Network Ireland.

Daragh Kane. Gwenola Perroud, fondatrice de la Cameron Bakery et lauréate du prix de l'entrepreneure confirmée, lors de la cérémonie annuelle organisée en 2025 par Network Ireland, à Cork.
Crédit photo : Daragh Kane. Gwenola Perroud, fondatrice de la Cameron Bakery et lauréate du prix de l’entrepreneure confirmée, lors de la cérémonie annuelle organisée en 2025 par Network Ireland, à Cork.

« Je suis une femme et je ne suis pas d’origine Irlandaise ! ». Un double constat qui pour la Bretonne donnent un sens particulier à ce prix. « Nous sommes moins présentes que les hommes dans le commerce et il n’est pas rare qu’on me demande à parler « au patron ». Et même si les choses changent, les Irlandais, comme les Bretons sont très attachés à leur identité. Il faut savoir se faire accepter pour réussir ».

Formée à l’école hôtelière de Dinard, passée par les bancs des collèges et lycées Diwan à Carhaix, Gwenola Perroud a gardé une pointe d’accent et le franc-parler de la pointe bretonne. Avant de gagner ce titre, elle a mis la main à la pâte sur les deux rives de la mer d’Irlande et montré sa détermination. Après quelques saisons en France, y compris dans les Alpes, c’est dans le sud-ouest de l’Irlande qu’elle tente sa chance au début des années 2000 avec son époux, d’origine champenoise. Ils sont d’abord gérants d’un snack de camping près du magnifique petit port de Crookhaven, dans le comté de West Cork. C’est une crêperie qu’ils ouvrent ensuite dans le village coloré de Schull, suivi d’une deuxième à Cork et Dublin. Le couple ouvre ensuite un restaurant à Cork.

Au fournil et au moulin

En 2016, le couple prend un virage en se tournant vers la boulangerie artisanale, en ouvrant une première enseigne à Cork, la Cameron Bakery, du nom du fils de son époux. « J’avais trois vies : la crêperie, le restaurant et les enfants. Il fallait faire un choix. Il n’y avait pas de pâtisseries françaises à Cork. La boulangerie est beaucoup plus difficile à mettre en place, mais par la suite, on a un peu plus de liberté qu’en crêperie ». Il leur a fallu habituer la clientèle locale en commençant par des tartes avant de proposer des pâtisseries, viennoiseries et sandwiches « gourmet » comme on les qualifie ici. Côté Bretagne, les palets et galettes bretonnes font aussi recette selon la saison.

« Partie de rien », en moins de dix ans, la Bretonne est désormais à la tête de quatre boulangeries situées aux endroits stratégiques de Cork, ainsi que du laboratoire de l’entreprise. Elle dirige une équipe de 45 personnes de diverses nationalités réparties sur les cinq sites.

Après une phase de développement très rapide, elle vient de restructurer l’entreprise en holding, notamment pour concilier vie de famille et travail et poursuivre la croissance. Une sixième enseigne devrait ouvrir dans les mois à venir.

Si ses propres enfants continuent à entretenir un lien avec leur famille et la langue bretonne pendant les vacances, la cheffe d’entreprise avoue n’avoir eu que peu de temps pour promouvoir la Bretagne en Irlande. « Je participe aux Fêtes de la Bretagne organisées par l’association Breizheire à travers la restauration, mais je n’ai eu jusqu’ici que peu de temps pour participer vraiment. Ici, je n’ai malheureusement pas l’occasion de pratiquer le breton comme je le faisais très souvent en Bretagne, mais nous utilisons trois langues au quotidien : l’anglais, le français et l’espagnol. Cork est devenue très cosmopolite, on y rencontre par exemple beaucoup de Brésiliens ».

L’Irlandaise d’adoption se souvient d’une anecdote qui remonte à ses premiers pas en Irlande : « Je voulais participer à une soirée de danses irlandaises dans un pub et je sentais que c’était assez fermé. On ne m’invitait pas en pensant sans doute que j’étais touriste et que je ne pourrais pas danser. Lorsqu’un homme d’un certain âge m’a invité, tout le monde s’est étonné de me voir très à l’aise, jusqu’à ce qu’ils découvrent que j’étais bretonne et que je pratiquais la danse. Il y a beaucoup de similarités entre l’Irlande et la Bretagne ».

Vers un prix national ?

Entre deux cuissons, la lauréate du titre de « Business woman of the Year »  pour le compté de Cork prendra la direction de Killarney le 26 octobre pour la conférence nationale de Network Ireland. C’est dans cette ville du Kerry que sera décerné le prix de l’entrepreneuse de l’année, à l’échelle cette-fois de toute l’Irlande.

« Gwenola effectue un parcours exceptionnel, analyse Josselin Le Gall, Consul honoraire de France à Cork, président de l’association des Bretonnes et Bretons d’Irlande, Breizheire, et fin connaisseur du tissu économique local. Je serai présent pour la soutenir à Killarney, car elle a beaucoup de mérite », explique ce Centre-breton qui œuvre à renforcer les liens entre les deux pays. »

« Pour ma part, le prix national serait la cerise sur le gâteau, conclut Gwenola Perroud. Être récompensée à Cork m’a déjà comblée. Cela m’a permis de lever le nez du guidon et de mesurer le chemin réalisé. Je suis fière de pouvoir montrer à mes filles qu’en partant de rien, une femme déterminée et qui s’en donne les moyens peut très bien réussir ».

Pour en savoir plus et combler un petit creux lors d’un passage à Cork : Cameronbakery.com