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10M€ / an :budget régional dédié à la politique linguistique
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18 919élèves sont scolarisés en filière bilingue breton-français
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72%des Bretonnes et Bretons interrogé·es souhaitent davantage d’enseignement du breton dans les écoles
Langue historique de la Bretagne, le breton fait aujourd’hui face à un enjeu de survie. Consciente de l’urgence d’agir, la Région Bretagne a adopté en décembre 2023 un ambitieux « plan de réappropriation » pour inverser la tendance au déclin. Objectif : transmettre la langue aux jeunes générations, faciliter son usage dans la vie quotidienne et garantir sa présence dans l’espace public. À travers ce plan, la Bretagne affirme une volonté forte : faire du breton une langue d’avenir, vivante et partagée par tous.
Un patrimoine linguistique en danger mais toujours vivant
Le breton est une langue millénaire, symbole fort de l’identité bretonne. Pourtant, au fil du 20e siècle, son usage s’est énormément réduit : aujourd’hui, seuls 6 % des habitants de la Bretagne historique le parlent encore. Chaque année, ce sont environ 10 000 locuteurs natifs qui disparaissent, accélérant le risque de rupture dans la transmission intergénérationnelle.
Face à cette situation critique, la mobilisation des acteurs publics, associatifs et citoyens est essentielle. Depuis plus de 20 ans, la Région Bretagne a placé la langue bretonne au cœur de son action culturelle et éducative. L’adoption du plan de réappropriation du breton en décembre 2023 confirme une volonté politique forte : faire du breton une langue vivante, parlée et transmise au quotidien.
Ce plan s’inscrit dans un contexte porteur : selon une enquête sociolinguistique de 2024 réalisée par TMO et commandée par la Région Bretagne, 72% des Bretonnes et Bretons interrogé·es souhaitent davantage d’enseignement du breton dans les écoles, et 56% en souhaitent une présence accrue dans les services publics. Cette attente sociale conforte la nécessité d’agir sans tarder.
Stabiliser et inverser la courbe de transmission
Aujourd’hui, 18 919 élèves sont scolarisés en filière bilingue breton-français dans les écoles publiques, privées sous contrat et immersives Diwan. L’objectif régional est clair : atteindre 30 000 élèves bilingues d’ici 2027.
Pour cela, plusieurs leviers sont mobilisés :
- Création de nouvelles classes et accompagnement des ouvertures d’établissements,
- Plan de recrutement d’enseignants : il faudra former environ 450 enseignants bilingues supplémentaires pour couvrir les besoins futurs,
- Développement de la formation pour adultes, à destination notamment des jeunes actifs, des futurs parents et des professionnels des secteurs clés (petite enfance, santé, administration…).
Un effort particulier est fait pour proposer l’apprentissage du breton dans toutes les communes, rurales comme urbaines, et à tous les âges de la vie.
Un breton vivant dans l’espace public et numérique
La revitalisation du breton passe aussi par une plus grande visibilité de la langue dans l’espace public :
- Signalétique bilingue renforcée dans les collectivités, les équipements publics et les transports,
- Soutien aux médias en langue bretonne : radios locales, presse écrite, télévision, plateformes numériques,
- Développement de ressources éducatives et culturelles en breton.
La Région porte également une ambition forte sur le numérique en favorisant l’accès au breton dans les outils du quotidien. Une volonté qui passe par la création d’une plateforme numérique de contenus en breton, l’ouverture de bases de données linguistiques accessibles à tous, et le soutien aux innovations technologiques (traduction automatique, reconnaissance vocale, etc.). Objectif : rendre le breton aussi naturel et accessible dans la vie quotidienne que le français.
Faire du breton une langue de création et de culture
La vitalité d’une langue repose aussi sur sa capacité à inspirer des œuvres et des projets culturels. C’est pourquoi la Région soutient activement :
- Les artistes, compagnies et festivals qui intègrent le breton dans leur création,
- La filière musicale, en encourageant la production et la diffusion de chansons en breton,
- Le théâtre en breton, pour toutes les tranches d’âge, en milieu scolaire comme dans les lieux culturels,
- L’édition littéraire, en facilitant la publication et la diffusion de romans, BD, albums jeunesse, poésie,
- Le cinéma et l’audiovisuel, en incitant les productions en breton destinées aux plateformes de streaming et aux festivals.
Des partenariats sont également noués avec les institutions nationales et européennes pour donner au breton une visibilité internationale, notamment via des projets de coopération linguistique et culturelle.
Une gouvernance partagée pour un plan ambitieux
Ce plan de réappropriation s’inscrit dans le cadre de la Convention spécifique État-Région pour la transmission des langues de Bretagne signée en 2022. Ce partenariat engage l’État, garant de l’organisation scolaire, la Région Bretagne, moteur politique et financier et enfin les associations et acteurs de terrain.
La gouvernance, partagée et collaborative, repose sur des instances de pilotage regroupant les institutions, les collectivités, les associations de parents d’élèves et les réseaux militants. L’objectif est d’ajuster les actions au plus près des besoins du terrain.
Le budget régional dédié à la politique linguistique représente aujourd’hui environ 10 M€ par an, un effort inédit parmi les collectivités françaises.
Une vision de long terme : vers une Bretagne bilingue
À travers ce plan, la Bretagne affirme une vision ambitieuse et inclusive : faire du bilinguisme breton-français une réalité de la vie quotidienne, pour tous les âges et tous les territoires.
Cette ambition repose sur la poursuite de la massification de l’apprentissage dès la petite enfance, l’accompagnement à la transmission familiale, l’installation du breton dans les pratiques professionnelles (accueil, tourisme, culture, administrations) et enfin la promotion d’une image positive et moderne de la langue, à travers l’innovation, les médias et les nouveaux usages numériques.